La généralisation des cours d’empathie à l’école à la rentrée 2024, a remis à l’agenda médiatique l’enseignement des CPS. Celles-ci sont pourtant intégrées dans le socle commun depuis 2015. Mais que désignent les “compétences psychosociales” exactement ? Comment les définit-on ? Quel est leur rôle dans le développement des enfants ? Le Mag Babaoo fait le point pour vous. 🔍
En 1994, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les compétences psychosociales comme “la capacité d’une personne à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne. C’est la capacité d’une personne à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d’interactions avec les autres, sa culture et son environnement.“
L’OMS identifie alors 10 compétences psychosociales universelles, “life skills” en anglais, regroupées en 5 couples :
En 2022, Santé publique France partage une définition actualisée des compétences psychosociales : “Les CPS constituent un ensemble cohérent et inter-relié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent d’augmenter l’autonomisation et le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives.”
Contrairement aux compétences académiques (mathématiques, géographie, grammaire, etc.), les CPS sont transversales, génériques et interdisciplinaires. On peut les transférer d’un domaine ou d’une situation à une autre. ♻️ Autrement dit, ce sont des compétences qui transcendent leur contexte d’utilisation.
Les CPS sont un ensemble de compétences transverses, de “savoir-être” plus que de “savoir-faire”, qui nous permettent de nous intégrer dans un groupe, d’échanger, de nous faire des amis… Et de nous contenir quand la moutarde nous monte au nez ! 🧘
Ces compétences permettent aussi d’être bien avec nous-même, “bien dans nos baskets”, d’avoir confiance en soi et en les autres ; de nous adapter et de savoir rebondir quand des situations imprévues se présentent.
Peu importe le contexte dans lequel on apprend à maîtriser ses émotions – en gardant son calme quand petit frère dévore notre part de gâteau ou joue avec notre jouet préféré par exemple. Une fois acquise, cette compétence est transférable dans un autre contexte et avec d’autres personnes.
Cette “transposabilité” est une caractéristique des compétences psychosociales.
En se basant sur la définition originale de l’OMS et sur les données de la littérature, Santé Publique France établit une liste de 9 compétences psychosociales générales, auxquelles sont associées 21 CPS spécifiques.
Les CPS sont réparties en 3 catégories : les compétences cognitives, émotionnelles et sociales.
Mieux qu’une liste à la Prévert (même si on aime beaucoup ses poèmes), le Mag Babaoo vous a concocté un tableau récap’ des compétences psychosociales, prêt à imprimer au format A4.
Les compétences psychosociales servent à améliorer notre qualité de vie et notre santé. Elles nous donnent des outils pour mieux gérer le stress, pour entretenir des relations saines, pour résoudre des conflits, pour prendre des décisions et adopter des comportements favorables à notre bien-être. Les CPS sont essentielles pour relever les défis de la vie quotidienne et pour s’adapter de manière constructive aux aléas. 🌪️
Pour les enfants, les CPS sont au cœur du développement de leur capacité à gérer leurs émotions, à établir des relations mutuellement enrichissantes avec leurs camarades, à résoudre les conflits de manière constructive et à prendre des décisions appropriées. Elles les aident à renforcer leur estime de soi, à mieux s’adapter aux différentes situations sociales et scolaires, mais aussi à éviter des comportements à risque sur le long terme.
Au cours des 30 dernières années, de nombreuses recherches ont démontré les bénéfices de l’enseignement des CPS pour le développement des enfants, ainsi que sur leur bien-être et leur santé. Et ce, dès le plus jeune âge ! 🐣
Les enfants apprennent à identifier, comprendre et exprimer leurs émotions de manière appropriée, ce qui favorise leur bien-être émotionnel et des relations sociales saines.
En développant une auto-évaluation positive et une attitude bienveillante envers eux-mêmes, les enfants gagnent en confiance et en estime de soi, ce qui contribue à leur épanouissement personnel.
Les compétences psychosociales renforcent la capacité des enfants et des adolescents à analyser les situations, à réfléchir de manière critique et à trouver des solutions créatives aux problèmes qu’ils rencontrent. Elles les aident à mieux se concentrer, à organiser leur travail et à faire face aux exigences scolaires, participant ainsi à l’amélioration des résultats académiques.
Les CPS favorisent une meilleure communication, permettant de travailler en groupe sereinement ou encore de résoudre les conflits de manière constructive. Cela facilite la création de relations positives entre les enfants, comme avec les adultes.
Les personnes capables de réguler leurs émotions et de comprendre les perspectives des autres sont mieux adaptées pour naviguer dans des environnements sociaux divers, favorisant une intégration harmonieuse dans la société.
Les CPS aident à gérer le stress, l’anxiété et les émotions désagréables. Elles favorisent la résilience et la capacité à surmonter les défis, réduisant ainsi le risque de troubles mentaux.
Les enfants et adolescents dotés de solides compétences psychosociales sont plus à même de faire face à la pression des pairs et de prendre des décisions éclairées, réduisant ainsi le risque de comportements à risque comme la consommation de substances ou la violence.
Renforcer les compétences psychosociales des générations actuelles et futures est un levier essentiel pour promouvoir la santé globale. En développant leurs compétences psychosociales dès le plus jeune âge, les enfants sont mieux préparés à affronter les défis de la vie et à évoluer de manière équilibrée sur le plan émotionnel et social.
La question n’est pas de savoir si les CPS doivent être enseignées par les parents – OU – par les enseignant·es. Mais plutôt de mettre en place des programmes qui permettent à chaque enfant, quel que soit le style d’éducation donné ou la place laissée aux émotions dans sa famille, de prendre conscience de l’existence de ces compétences, et de les développer au cours de sa scolarité.
À l’école – ET – à la maison, il est de notre responsabilité de fournir aux enfants un cadre qui favorise leur développement. 🌱
Les compétences psychosociales des enfants se développent au fur et à mesure que leur Cerveau gagne en maturité. De nombreux facteurs entrent en jeu : les interactions sociales, leurs expériences personnelles, ou encore l’influence de leur environnement (famille, amis, enseignants, milieu social, etc.).
Le rôle de la famille est crucial pour le développement des compétences psychosociales des enfants, et ce dès la naissance. Ils y apprennent les bases de la communication, de la gestion des émotions et des normes sociales par l’observation et l’imitation des adultes.
Le style parental joue aussi un rôle important dans le développement des CPS. Un style d’éducation positive, par exemple, favorise des interactions constructives, des discussions régulières, l’accompagnement des émotions et une résolution constructive des conflits.
✏ Note : autrement dit, plus les membres de la famille feront appel à leurs CPS, plus le développement de celles des enfants sera favorisé ! 🥰
L’école joue un rôle central dans le développement des CPS en offrant des situations variées où les enfants doivent interagir, résoudre des problèmes et travailler en groupe. Sans oublier que c’est à l’école que nos chères têtes blondes passent le plus clair de leur temps !
L’école publique a naturellement des caractéristiques favorables au développement des compétences psychosociales des enfants : interaction avec des élèves d’âge et de milieux différents, avec des adultes aux statuts différents (enseignant·e·s, directeur·trice, surveillant·es), etc. Un environnement scolaire où les relations entre enseignants et élèves sont respectueuses, qui privilégie la coopération et la valorisation de l’erreur, est un environnement qui soutient le développement des CPS.
Enfin, les programmes scolaires qui intègrent explicitement l’enseignement des compétences psychosociales, tels que la gestion des émotions, l’empathie, la résolution de conflits, etc., renforcent ces compétences chez les enfants.
À mesure qu’un enfant grandit, son Cerveau et ses Fonctions Exécutives se développent, lui permettant d’acquérir de nouvelles compétences cognitives. 🧠 Avec le temps, il comprend mieux les relations de cause à effet, il apprend à réguler ses impulsions ou encore à penser de manière plus abstraite… Des compétences indispensables pour le développement des CPS !
Au-delà de son développement cognitif, les expériences vécues par un enfant contribuent à renforcer ses compétences psychosociales. On pense par exemple à la gestion de situations difficiles (perte, séparation ou éloignement d’un être cher), aux interactions avec des groupes sociaux et culturels différents (parmi ses camarades de classe, au cours d’un voyage ou d’activités extra-scolaires), à l’exposition à des défis émotionnels (dispute, déménagement), etc.
Ce ne sont pas seulement les “grands événements”, mais l’ensemble des petites situations émotionnelles vécues, négatives comme positives, qui participent à renforcer les compétences psychosociales : la frustration d’avoir eu l’aile et pas la cuisse (du poulet), la tristesse ressentie par un ami, la joie provoquée par une surprise inattendue, le dénouement heureux d’une brouille déjà oubliée le lendemain…
Les bénéfices du développement des compétences psychosociales dès le plus jeune âge ne sont plus à démontrer, tant du point de vue individuel que sociétal. Diminution des comportements à risque, bien-être psychique, meilleure santé globale, climat de classe apaisé, meilleure réussite scolaire et professionnelle… Difficile d’être contre ! 💙
L’enseignement des compétences psychosociales gagne peu à peu sa place au sein de l’Éducation nationale. Si la mise en pratique peut varier d’un établissement ou d’un·e enseignant·e à un·e autre, la généralisation des cours d’empathie va dans le sens d’une harmonisation des enseignements.
On peut donc espérer que nos ados en devenir seront beaucoup plus conscients que leurs parents, grands-parents et toutes les générations précédentes de leurs émotions, de la manière de les gérer de manière constructive et d’entretenir des relations saines avec toutes les branches de la société. Et qui sait… d’ici quelques années, ce seront peut-être eux qui, par leur exemple, participeront à notre apprentissage de ces compétences. 😉