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Les recommandations de la “Commission écrans”

En réponse aux préoccupations croissantes concernant l'impact des technologies sur les jeunes, le Président de la République Emmanuel Macron a nommé en janvier 2024 une “Commission Écrans”, chargée d'évaluer les effets de la surexposition aux écrans des jeunes, et de formuler des recommandations. Dans un rapport publié ce 30 avril, l’entité experte propose de redéfinir l'interaction des jeunes avec les écrans avec des mesures concrètes. Babaoo fait le point dans cet article. ⬇️
Babaoo Le Mag Les recommandations de la “Commission écrans”
Rapport de la commission écrans

Pourquoi une “Commission écrans” ?

Créée en janvier 2024 par le Président de la République, la “Commission Écrans” a pour mission d’évaluer les impacts de l’exposition des jeunes aux écrans, d’examiner l’efficacité des mesures en place et de proposer des recommandations stratégiques.

Qui sont les membres de la Commission ?

La Commission, co-présidée par Servane Mouton, neurologue, et Amine Benyamina, psychiatre addictologue, réunit au total 10 membres experts de divers horizons, pour assurer une diversité permettant d’aborder les multiples facettes de ce sujet complexe (voir la liste des membres en bas de l’article). 

Des constats alarmants

Au cours de ses trois mois d’activité, la Commission a rencontré plus de 150 jeunes et une centaine de professionnel·le·s pour forger une compréhension approfondie et globale des interactions des jeunes avec les écrans.

Parmi les constats dressés par la Commission, ressort l’omniprésence des écrans et l’hyper-connexion des jeunes, la digitalisation de leur temps libre au détriment d’activités plus favorables à leur bien-être physique et relationnel, ainsi que le risque que l’exposition à des contenus non appropriés fait peser sur leur santé mentale.

Omniprésence des écrans

Relevant le chiffre stupéfiant de 10 écrans en moyenne par foyer, la Commission attire l’attention sur le fait que les jeunes sont confrontés à une présence quasi constante des écrans, y compris en dehors de leur domicile (école, espaces publics) et donc loin de la protection parentale. 

Dépendance et risque sur la santé

Les experts alertent sur le fait que cette surexposition continue favorise le risque de dépendance, et induit des effets négatifs sur la santé mentale et physique des jeunes : impact sur le sommeil, sur la qualité de la vue, sur l’activité physique (sédentarité, obésité).

Impact sur le développement cognitif et émotionnel

La Commission rappelle que l’exposition précoce et excessive aux écrans peut nuire au développement cognitif et émotionnel des enfants en dessous de 4 ans.

Les membres de la Commission alertent par ailleurs sur le phénomène de “technoférence”, autrement dit, l’utilisation des écrans par l’adulte en présence de l’enfant, qui nuit à la qualité et à la quantité des interactions pourtant si importantes pour le développement du tout-petit.

➡️ Lire notre article sur la gestion du temps d’écran.

Dangers liés aux contenus non régulés

L’accès facile à des contenus inappropriés, dangereux ou violents pose un risque significatif pour la santé mentale et l’équilibre des jeunes, en particulier lorsque l’exposition du jeune à ceux-ci échappe au contrôle de l’adulte, le privant ainsi de toute protection. 

La Commission alerte par ailleurs sur le risque d’enfermement stéréotypique et normalisant provoqué par les “bulles algorithmiques”, qui ont pour effet de promouvoir des contenus véhiculant des représentations extrêmes et polarisées, par exemple, sur les relations entre les hommes et les femmes, la sexualité ou le vivre-ensemble. 

Quelles recommandations ?

Dans son rapport, la Commission propose une stratégie “systémique” déclinée en plusieurs axes pour combattre les effets nocifs de la surexposition aux écrans chez les jeunes. Elle a ainsi établi une liste de 29 recommandations, avec l’intention non pas de culpabiliser les enfants et leurs parents, mais plutôt, d’inviter les acteurs du numérique à prendre leurs responsabilités, au même titre que chacun à son niveau. En voici un résumé :

Pas d’écran avant 3 ans

  • Dans les maternités : la Commission recommande de restreindre autant que possible l’utilisation des téléphones et de la télévision durant les premiers jours de vie de l’enfant, pour encourager le repos post-accouchement et favoriser les interactions précoces entre parents et nouveau-nés, essentielles pour le développement affectif et la santé émotionnelle.
  • Dans les crèches et chez les assistantes maternelles : la Commission recommande de bannir l’usage des écrans et jouets connectés, et d’encadrer l’utilisation des smartphones par les personnes accueillant de jeunes enfants. 

Ecrans et jouets connectés déconseillés avant 6 ans

  • Les jouets connectés, à l’exception des boîtes à histoires, ne devraient pas être accessibles aux enfants de moins de 6 ans. 
  • Les écrans ne devraient pas être utilisés avant 6 ans. 
  • Toutefois, une utilisation ponctuelle et limitée dans le temps est admise, pour autant qu’elle apporte une réelle valeur ajoutée à l’enfant : contenu éducatif, adaptation pour un élève à besoin particulier, interaction avec un proche par visio, par exemple.  

Pas de smartphone avant 11 ans

  • Smartphones non connectés avant 11 ans : selon la Commission, les enfants ne devraient pas posséder de smartphones connectés à Internet avant d’entrer au collège. Avant cet âge, si un téléphone est nécessaire, il devrait être limité aux fonctions d’appel et de SMS.
  • Accès contrôlé à Internet entre 11 et 15 ans : à partir de 11 ans, l’utilisation de smartphones connectés peut être envisagée mais sans accès aux réseaux sociaux. Les applications et les sites web devraient être sélectionnés et contrôlés par les parents.
  • Réseaux sociaux à partir de 15 ans : l’accès aux réseaux sociaux ne devrait être permis qu’à partir de 15 ans, et restreint aux seuls réseaux éthiques, pour promouvoir des interactions sûres et positives.

Mesures de protection à l’achat

  • La mention “ne convient pas avant 13 ans” pourrait être ajoutée sur l’emballage des smartphones vendus en France. 
  • La souscription à un forfait téléphonique pourrait être conditionnée à la date de naissance de l’utilisateur. 
  • Les opérateurs et fabricants de l’industrie mobile pourraient être amenés à déployer des offres adaptées à l’âge des jeunes utilisateurs (ex : téléphones “non smartphones” adaptés aux plus jeunes, forfaits limités aux seules fonctionnalités adaptées à l’âge, et donc moins chers). 

Soutien aux parents et aux éducateurs

La Commission préconise de renforcer l’aide à la parentalité et la formation des éducateurs et souligne également l’importance de donner l’exemple en promouvant des espaces et moments sans écran, et en instituant des rituels de déconnexion, devenus nécessaires alors que le télétravail efface parfois les frontières entre vie personnelle et professionnelle. 

Mesures de protection à l’échelle publique

  • Lutter contre les conceptions addictogènes, c’est-à-dire, les mécanismes conçus pour rendre les enfants dépendants, en incitant le développement d’acteurs éthiques et en confiant à l’Etat un rôle de contrôleur dans la conception des outils et services mis à disposition des enfants ;
  • Renforcer le cadre juridique de protection des jeunes.

Impacts potentiels dans l’Education et les Jeux vidéo

La publication du rapport de la “Commission écrans” soulève de nombreuses questions dans le milieu de l’Éducation et du Jeu Vidéo. Quelles pourraient être les conséquences sur ces 2 industries ? 

Place du numérique à l’école

Les recommandations de la Commission pourraient entraîner une redéfinition de l’utilisation des technologies numériques en milieu éducatif, pour favoriser des pratiques qui enrichissent et ne nuisent pas au développement des jeunes

  • Amélioration de l’accessibilité au savoir, via l’accès à une gamme plus diversifiée de ressources éducatives ;
  • Personnalisation de l’apprentissage pour répondre aux besoins spécifiques de chaque élève, ce qui peut améliorer leur réussite ;
  • Recours à des méthode d’apprentissage plus interactives, renforçant l’engagement des élèves ;
  • Préparation des élèves aux compétences numériques essentielles à leur avenir professionnel et personnel.

Le cadre d’utilisation des ressources numériques éducatives pourrait ainsi devenir plus exigeant, et restreindre l’accès aux seules solutions apportant une réelle valeur ajoutée à l’enfant dans son parcours d’apprentissage.

Des labels de certification, garants de cette qualité éducative, pourraient ainsi continuer à se développer, améliorant la confiance des utilisateurs par une meilleure lisibilité de l’offre dans le paysage des ressources éducatives. 

Transformation de l’industrie du Jeu vidéo

Les jeux vidéo, souvent au cœur des préoccupations liées à l’addiction aux écrans, pourraient voir des régulations plus strictes concernant les microtransactions et les mécanismes de récompense, orientant l’industrie vers des modèles plus éthiques.

➡️ Lire aussi : Apprentissage et jeu vidéo : ça passe ou ça casse ? 

Heureusement, des jeux vidéo éthiques, ça existe ! Par exemple, Babaoo éduque les enfants de 7 à 11 ans sur le fonctionnement de leur Cerveau pour les aider notamment à comprendre comment les distractions externes, comme les notifications, peuvent affecter leur concentration et leur comportement. En faisant cela, l’intention de Babaoo est d’outiller les enfants pour qu’ils puissent dire “Stop” aux stimuli externes nocifs et rester le pilote de leur Attention. 

➡️ Lire aussi : Manifeste de Babaoo 

Le récap’ Babaoo

Face à l’urgence d’adresser les défis posés par l’hyperconnexion et la surexposition aux écrans des jeunes, la “Commission Écrans”, nommée par le Président de la République en Janvier 2024, a rencontré plus de 150 jeunes et une centaines d’experts, pour dresser le constat de la situation et évaluer l’efficacité des mesures existantes.

En réponse à un diagnostic alarmant à plusieurs égards (impact sur la santé et le développement cognitif, dangers de l’exposition à des contenus dangereux non régulés, etc.) la Commission a proposé, dans un rapport publié le 30 avril, des recommandations concrètes et opérationnelles à destination de tous les acteurs du numérique, invitant chacun·e, à son échelle, à prendre ses responsabilités, pour le bien-être des futures générations. 

Les recommandations qu’elle donne visent à remettre la technologie à sa juste place, pour enrichir et non nuire à la vie des jeunes, et à “redonner du temps humain” aux enfants et aux adolescents. 

La liste des membres de la Commission

  • Jonathan Bernard, épidémiologiste à l’Inserm, et porteur d’un programme de recherche sur l’impact des écrans sur le développement des enfants ; 
  • Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’enfant et de l’adolescent à l’Université Paris Cité et directeur du laboratoire LaPsyDE au CNRS ; 
  • Axelle Desaint, directrice du pôle éducation au numérique de Tralalere, et d’Internet Sans Crainte, programme national d’éducation au numérique des jeunes et des familles de la Commission européenne ; 
  • Florence G’sell, visiting professor à la Stanford University, professeure de droit privé à l’Université de Lorraine et titulaire de la chaire digital, gouvernance et souveraineté de Sciences Po ; 
  • Marie-Caroline Missir, directrice générale de Réseau Canopé (réseau public de formation des enseignants) ; 
  • Catherine Rolland, cheffe de la chaire d’enseignement et de recherche « sciences et jeu vidéo » de l’école polytechnique de Paris ; 
  • Grégory Veret, fondateur de la société Xooloo, spécialisée dans la protection des enfants sur Internet ;
  • Célia Zolynski, professeure de droit privé à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre du Comité national d’éthique du numérique (CNPEN) et personnalité qualifiée de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). 

➡️ Accéder au rapport complet.

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