La dysphasie est un trouble spécifique du développement du langage oral, qui se caractérise par des difficultés dans l’acquisition et l’utilisation du langage. Il fait partie de la famille des troubles Dys (Troubles neuro-développementaux). Ce trouble affecte la capacité d’un enfant à parler et/ou à comprendre et donc parfois à s’ajuster aux situations. Environ 7 % des enfants d’âge préscolaire et scolaire sont touchés par cette pathologie neurodéveloppementale, selon des études menées en Belgique et au Québec.
Il existe fréquemment un impact secondaire sur l’acquisition du langage écrit, c’est-à-dire la lecture (fluidité, intonation et compréhension) et l’orthographe. Il se manifeste par un retard persistant dans l’apprentissage du langage sur le versant de l’expression, de la compréhension ou les deux.
Depuis 2017, on se réfère à la dysphasie par le terme plus large de Trouble Développemental du Langage (TDL). Cette terminologie vise à mieux représenter la diversité des difficultés liées au développement du langage, en mettant l’accent sur les difficultés persistantes et spécifiques du développement du langage chez l’enfant. Le terme TDL permet aussi d’uniformiser les classifications et d’éviter les confusions avec d’autres troubles du langage.
La dysphasie est un trouble complexe qui se manifeste de différentes façons : structurer ses phrases, produire correctement les sons, se faire comprendre efficacement ou entrer en interaction avec autrui peuvent s’avérer de véritables challenges.
Les enfants dysphasiques ont des difficultés d’apprentissage du langage sur le versant expressif. Ils commencent à parler plus tard que les autres enfants et connaissent une période prolongée de silence ou de balbutiements avant de dire leurs premiers mots. Ce retard de langage est l’un des premiers signes qui alertent les parents. La communication (regard, mimiques, interactions sociales) est quant à elle préservée et souvent de bonne qualité voire très investie.
✏️ Note : seule une évaluation complète par un professionnel de santé permet le diagnostic de la dysphasie. 🩺
Les enfants dysphasiques peuvent déformer un même mot de différentes manières, ou être difficiles à comprendre. Attention toutefois : avoir du mal à prononcer certains mots – par exemple, dire “papin” à la place de “lapin”ou bien “tamion” au lieu de “camion” – peut faire partie de la trajectoire classique du développement du langage. 🐰 🚚 En cas d’inquiétude, n’hésitez pas à demander l’avis d’un professionnel de santé et parlez-en à votre médecin.
Les enfants dysphasiques connaissent souvent les mots, mais ont du mal à les retrouver quand ils en ont besoin. C’est comme si les mots étaient cachés quelque part dans leur esprit. 😶🌫️ Par exemple, un enfant pourrait vouloir dire “chaise” mais dire “truc pour s’asseoir” parce qu’il ne trouve pas le mot “chaise”.
Il peut également proposer un mot proche du mot cible d’un point de vue phonologique (“raclette” pour “raquette” ou “pédalier” pour “pédalo”) ou avoir besoin d’essais-erreurs avant de retrouver le mot. Son accès au lexique est ralenti et perturbé.
La dysphasie affecte la capacité de l’enfant à transmettre, avec des phrases correctes, le message qu’il cherche à transmettre. Par exemple, au lieu de dire “Je mange une pomme”, un enfant dysphasique pourrait dire “Pomme je mange”. 🍏 Les phrases manquent de structure et donc parfois de cohésion.
Le traitement de la chaîne parlée se fait en temps réel. Cette vitesse de traitement de l’information peut être complexe chez des enfants présentant un TDL ayant une atteinte du versant de la compréhension.
Certains enfants dysphasiques ont ainsi du mal à comprendre ce que disent les autres. Par exemple, si quelqu’un demande à un enfant “Quel âge as-tu ?” et qu’il répond “Oui”, cela montre qu’il n’a pas bien compris la question. Ces difficultés de compréhension rendent les échanges plus compliqués pour eux.
La Mémoire de travail est une Fonction Exécutive qui permet de retenir et d’utiliser l’information pendant qu’on écoute ou que l’on parle. 🧠
Les enfants dysphasiques peuvent oublier et ne pas traiter tout ou partie ce qu’on leur dit, de ce qu’ils voulaient dire, perdre le fil de leurs idées ou encore structurer très maladroitement leurs propos manquant ainsi de cohérence et de cohésion dans leur discours. Par exemple, ils peuvent commencer à raconter une histoire, puis oublier ce qui se passe au milieu et s’arrêter brusquement.
➡️ La centre de recherche CHU de Sainte-Justine met à disposition un organigramme simplifié du diagnostic de la dysphasie, disponible ici (Page 5 du document, figure 1).
Si votre enfant ne parle pas encore, cela ne signifie pas nécessairement qu’il est dysphasique. Il pourrait simplement avoir un retard de langage, qui est souvent temporaire. Dans ce cas, les enfants commencent à parler plus tard mais finissent par atteindre les étapes du développement de manière naturelle, sans intervention spécifique.
Il est important de faire la distinction entre :
On distingue la dysphasie d’autres troubles du langage, comme :
✏ Note : pour accompagner l’enfant dans son apprentissage du langage, essayez des jeux de société comme « Il est où le minou ? » ou « Le train des phrases ». Ils permettent à l’enfant de s’amuser tout en développant ses compétences en langage oral.
Avant de prendre rendez-vous chez un spécialiste, consultez votre pédiatre ou votre médecin traitant pour qu’il vous oriente vers le bon professionnel de santé. Il pourra recommander une série d’évaluations spécifiques pour poser un diagnostic précis.
Diagnostiquer la dysphasie nécessite une évaluation multidisciplinaire pour écarter d’autres causes possibles et confirmer le trouble. Voici les étapes principales :
La dysphasie n’est pas une maladie, mais un trouble du langage persistant. Comme ce n’est pas une maladie, on ne peut pas dire au sens strict qu’elle puisse être “guérie”.
Toutefois une intervention précoce et adaptée permet d’améliorer les compétences linguistiques de l’enfant, et de lui proposer des moyens de compensation. Il est crucial de diagnostiquer le trouble le plus tôt possible, de choisir une prise en charge appropriée pour permettre aux enfants de progresser et de mieux vivre avec ce trouble. 💙
Des séances régulières aident l’enfant à développer ses compétences en langage oral et écrit. Cette rééducation est souvent longue et doit s’adapter aux besoins spécifiques de l’enfant.
D’autres professionnels peuvent intervenir, comme un psychomotriciens, un ergothérapeute ou un psychologue. Une approche globale répond mieux aux différents aspects du trouble.
Pour en savoir plus, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un parcours de santé adapté aux enfants dont les troubles sont les plus persistants, avec 3 niveaux de recours aux soins.
Source : HAS, “Comment améliorer le parcours de santé d’un enfant avec troubles spécifiques du langage et des apprentissages”
Un environnement riche en langage, avec des conversations fréquentes, des lectures et des jeux éducatifs aident beaucoup l’enfant.
Les enfants dysphasiques peuvent rencontrer des difficultés à communiquer, ce qui entraîne parfois de la frustration et des comportements d’opposition. Avec un bon soutien scolaire et parental, ils progresseront petit à petit. Fêtez les petites victoires et restez positif !
✏ Note : un Programme Personnalisé de réussite éducative (PPRE) puis un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) peuvent être mis en place pour répondre aux besoins spécifiques des enfants dysphasiques.