Imaginez : votre boss vous confie une tâche pour laquelle vous ne vous sentez pas compétent et votre estomac fait des nœuds. Ou alors, vous devez prendre la parole en public et votre cœur bat la chamade… Le trac ! 😬
En un éclair, vous évaluez, planifiez, et anticipez. En fait, vous métacogitez ! 💬
La métacognition, c’est notre capacité, face à une tâche à accomplir ou un problème à résoudre, à prendre du recul pour analyser la situation, et prêter attention à ce qui se passe dans notre tête.
Automatiquement, nous faisons appel à nos ressentis, nos expériences passées, nos savoirs… pour élaborer une stratégie qui va nous permettre d’atteindre notre objectif. 🎯
Ce processus qui consiste à « réfléchir sur notre façon de penser » n’est pas seulement utile pour nous, adultes. Il joue également un rôle crucial dans le développement de nos enfants, en les aidant à comprendre et à naviguer dans un monde en constante évolution. Imaginez si votre petit protégé pouvait développer cette même compétence pour aborder les défis de la vie, qu’ils soient cognitifs, académiques, sociaux ou émotionnels.
La métacognition nous permet (ou plutôt : permet à notre cerveau 🧠) d’élaborer des stratégies pour s’adapter à toute situation. Qu’il s’agisse de surmonter une difficulté ou de briller là où il excelle déjà, votre enfant n’est jamais seul ! Sa “petite voix intérieure” est là, ajustant le cap en temps réel pour l’aider à naviguer à travers les hauts et les bas de l’apprentissage.
S’il apprend à nager, il pourrait se dire : “Concentre-toi sur chaque mouvement, comme on l’a fait dans le petit bassin.” Et si on lui demande de rédiger une poésie encore plus géniale que la précédente, sa petite voix pourrait s’écrier : “La poésie, c’est mon domaine, trop fastoche !”.
Le cerveau est malléable, il évolue sans cesse, on peut apprendre à le guider, donc à métacogiter. Et, bonne nouvelle : on peut apprendre aux enfants à métacogiter dès leur plus jeune âge ! 👶
La métacognition, c’est prêter attention à ce qui se passe dans notre tête pendant que nous faisons quelque chose.
La métacognition, c’est un peu comme un mode d’emploi interactif de notre cerveau. 🧠 Votre enfant peut l’utiliser chaque fois qu’il est confronté à une tâche qui n’est pas (encore) un automatisme. Bien sûr, il n’a plus besoin de mode d’emploi pour marcher. Mais dès qu’il s’agit d’apprendre quelque chose de nouveau ou d’ajuster une technique qui n’a pas bien fonctionné par le passé, la métacognition entre en scène… que ce soit faire ses lacets, lire, ou nager !
Mieux encore : métacogiter permet aussi d’améliorer ses performances dans de nombreux domaines. Grâce à la métacognition, votre enfant apprend à développer et à optimiser des stratégies d’apprentissage qu’il utilisera tout au long de sa vie. En résumé, la métacognition, c’est “apprendre à apprendre”. Eh oui, même si vous voudriez parfois qu’il reste petit, votre loulou va devenir de plus en plus autonome. Il grandit ! 👏
“Grâce à la métacognition, l’enfant découvre qu’il a un super-pouvoir : il peut agir sur son cerveau et tirer les ficelles de son propre fonctionnement !” (Joëlle Proust, philosophe et chercheuse française spécialisée en philosophie cognitive).
Psychologue émérite et auteur de référence dans le domaine de la neuroéducation, Pierre Paul Gagné souligne depuis des années l’importance de la métacognition pour favoriser l’apprentissage chez l’enfant. L’ouvrage qu’il a coécrit “Apprendre… Une question de Stratégies” est une lecture incontournable sur le sujet.
Apprendre à un enfant à métacogiter, c’est lui faire prendre conscience de ce qui se passe dans sa tête quand il fait (ou va faire) quelque chose. Pour cela, questionnez-le : comment fais-tu cela, et pourquoi ? Cela l’incitera à écouter sa petite voix intérieure et à verbaliser sa stratégie.
✏ Note : questionner un enfant, c’est l’impliquer.
Vous avez une furieuse envie de tester la méthode à la maison ? Tant mieux ! Pour vous y aider (vous, mais surtout votre p’tit chou), voici comment métacogiter en 3 temps. ⤵
Proposez à votre enfant de définir un objectif clair. Disons “dessiner le chat”. 🐈 Pourquoi ? Comment ? Avec quel matériel ? En lui demandant ce qui se passe dans sa tête, vous l’incitez à se poser des questions et à préparer sa stratégie (scénario).
Mais la métacognition ne s’arrête pas là ! Ce que votre enfant se dit à lui-même avant même de commencer son dessin va grandement influencer son approche. S’il se sent compétent, il pourrait penser : “Dessiner un chat, trop facile !”. Mais s’il doute de ses compétences, il pourrait se dire : “Oh non, c’est trop difficile pour moi, ça !”.
Ces pensées, ainsi que les émotions qui les accompagnent, telles que le stress ou la confiance, vont jouer un rôle crucial à chaque étape de la tâche. Elles influenceront non seulement ses actions initiales, mais également la façon dont il ajustera son approche si les choses ne se passent pas comme prévu.
Posez-lui donc des questions qui l’aident à prendre conscience de ce dialogue intérieur et des émotions associées. Par exemple : “Comment te sens-tu à l’idée de dessiner un chat ?” ou “Qu’est-ce que tu te dis à toi-même avant de commencer ?”.
S’il rencontre des difficultés (par exemple, s’il trouve que la queue est “moche”), il peut avoir tendance à se décourager. Encouragez-le (encore) à se questionner. Est-ce grave ? Comment pourrait-il corriger son dessin ?
Verbaliser les questions lui permettra d’ajuster sa stratégie en cours de route.
Admirez avec lui son chef-d’œuvre et demandez-lui s’il est content de lui. Si ce n’est pas le cas, comment pourrait-il faire la prochaine fois ? Qu’a-t-il appris de ce dessin ? Demandez-lui si la stratégie qu’il a utilisée pour dessiner son chat pourrait s’appliquer à d’autres tâches. Ensuite, encouragez-le à s’entraîner. C’est en s’entraînant que son cerveau finira par intégrer l’apprentissage.
Il est essentiel que votre enfant mette des mots à chaque étape, chaque ressenti. En procédant de la sorte (et non en dessinant le chat à sa place), il va intégrer son propre scénario et, plus tard, sera capable de le répéter. Peu à peu, l’apprentissage devient automatisme, et votre enfant devient autonome.
Apprendre à votre enfant à métacogiter, c’est lui offrir un magnifique cadeau : celui de comprendre son propre fonctionnement ! 🎁
✏ Note : l’adulte n’a plus besoin de réfléchir pour faire ses lacets. L’enfant, lui, a besoin de suivre une stratégie (une histoire, une chanson…) pour retenir comment faire. Donc de métacogiter. D’abord à voix haute, puis dans sa tête. Avec le temps, et beaucoup de pratique, il le fera bientôt en mode automatique. C’est ce qu’on appelle le transfert . 💫
Comme on vient de le voir, la métacognition va aider l’enfant à comprendre son propre fonctionnement pour développer ses compétences et gagner en autonomie.
Métacogiter aura aussi un impact très positif sur son rayonnement et ses interactions sociales, à l’école, comme à la maison. Pourquoi ? Parce qu’apprendre à métacogiter va lui permettre de développer son sentiment de compétence, donc sa confiance en lui.
Face à un nouvel apprentissage, il se rappellera que ce n’est pas la première fois qu’il expérimente quelque chose d’inconnu, et il se dira : “Je peux le faire !”. Et un enfant qui a confiance en lui est un enfant épanoui.
✏ Note : Carol Dweck, Psychologue américaine et Professeure de psychologie à l’Université de Stanford a développé une théorie qui explique à merveille cette perspective positive de l’apprentissage : « The Power of Yet ». Autrement dit, “ce n’est pas que je ne sais pas le faire, c’est que je ne sais pas ENCORE le faire”. Cette idée suggère qu’avec du temps et des efforts, chacun peut apprendre et s’améliorer.
On vous voit venir… Vous vous demandez qui gagne entre Superman et Metacogitman ? 🦸
On a posé la question (et plein d’autres) à Alexandra Volckaert, Ph.D. en Psychologie spécialisée en Neuropsychologie et Responsable de la Recherche chez Babaoo. Retrouvez son interview dans un prochain article. 🎬