Avez-vous remarqué à quel point les « Hauts Potentiels Intellectuels » (HPI) semblent courir les rues depuis quelques années ? Il y a très certainement un enfant dit « surdoué », « intellectuellement précoce » ou encore « philo-cognitif » dans votre entourage. À croire que le QI élevé est le nouveau virus qui sévit dans les couloirs de l’école ! Si votre enfant vous paraît particulièrement éveillé pour son âge, il est d’ailleurs probable que vous vous soyez déjà vous-même posé des questions. Le problème, c’est qu’on raconte un peu tout et n’importe quoi à ce sujet, si bien qu’il n’est pas aisé de démêler le vrai du faux…
Vous vous demandez comment reconnaître un enfant HPI ? – Le Mag Babaoo fait le point pour vous ! 💡
La première chose à savoir sur le HPI, c’est qu’il ne s’agit pas d’un trouble. C’est la raison pour laquelle on parle d’identification et non de diagnostic dans le cas du HPI. Ce que les scientifiques ont pu observer en revanche, c’est une activation plus puissante de certaines zones cérébrales lors de la réalisation d’une tâche donnée. Ce qui expliquerait le fonctionnement un peu différent des enfants HPI…
Pendant longtemps, on a véhiculé l’idée selon laquelle les HPI avaient ce qu’on appelle une « pensée en arborescence » : une capacité à diriger leur réflexion dans une multitude de directions en même temps, chaque idée se décomposant en sous-idées, elles-mêmes divisées en une centaine d’autres. 🤯 Un peu comme les branches d’un arbre, qui démarrent du tronc (le sujet initial) pour se déployer dans tous les sens en une infinité de branchages (les concepts associés).
Aujourd’hui, on sait que les personnes HPI traitent les informations de la même façon que n’importe qui, à savoir les unes à la suite des autres. Ce qui les différencie en revanche, c’est la rapidité avec laquelle s’opère la transmission des infos dans leurs neurones. Ainsi, leur cerveau ne serait pas plus efficace, mais plus puissant : les HPI ne réaliseraient pas nécessairement mieux les tâches cognitives, mais auraient la capacité de les réaliser plus rapidement !
Cette vivacité cognitive explique qu’on associe généralement 3 caractéristiques aux personnes HPI :
Mais ce n’est pas tout ! Les HPI se caractériseraient également par leur grande créativité. En effet, en plus d’avoir une vitesse élevée de raisonnement, ils disposeraient d’une aptitude aiguisée pour créer de nouvelles associations d’idées souvent perçues comme très originales. Ceci dit, ce n’est pas parce que votre petit bout vous a scotché plus d’une fois par ses réflexions inattendues qu’il est forcément HPI !
À ce jour, il n’existe qu’un seul et unique critère permettant d’identifier avec certitude une personne à haut potentiel intellectuel : le niveau de QI.
Vous vous demandez si votre enfant est HPI ? Il n’y a qu’une seule façon de trancher la question : lui faire passer un test de QI. Si le score obtenu est supérieur ou égal à 130, on parlera de haut potentiel intellectuel.
Mais soyez sur vos gardes, un seul test est reconnu comme scientifiquement valide : le test de Wechsler qui doit être administré par un (neuro)psychologue. Par ailleurs, dans le cas où l’enfant HPI présente également un trouble neurodéveloppemental associé (TDAH, dyslexie etc.), il arrive que seuls certains indices du QI soient supérieurs à 130, sans que le score total ne le soit ! On parlera alors de « QI hétérogène ».
Bref, procéder à l’identification d’un HPI n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît… Alors, si vous souhaitez sauter le cap, oubliez les questionnaires trouvés sur Internet et entourez-vous plutôt de professionnels de santé avertis qui seront véritablement en mesure d’identifier un fonctionnement à haut potentiel intellectuel.
Quant aux signes précurseurs qui devraient vous mettre sur la piste d’un HPI ? Là aussi, prudence…☝️
Le HPI est un sujet à la mode. Cette sur-médiatisation laisse penser que ce mode de fonctionnement singulier serait extrêmement répandu. Or, le consensus international actuel stipule que seule 2,3% de la population serait à haut potentiel intellectuel ! Attention donc à ne pas se laisser aller à des conclusions trop hâtives : une multitude de clichés et de stéréotypes gravitent autour du HPI, véhiculant notamment l’idée qu’il constituerait un véritable handicap dans la vie de nos petits…
On entend souvent dire qu’il est fréquent pour les hauts potentiels intellectuels de rencontrer des difficultés scolaires. D’ailleurs, de plus en plus de parents expliquent les résultats en baisse de leur enfant par le fait qu’il serait « trop en avance » par rapport au programme scolaire !
En vérité, si la précocité intellectuelle peut effectivement donner lieu à une forme d’ennui, de désintéressement pour la matière vue en cours jugée « trop facile », aucun lien n’est aujourd’hui scientifiquement établi entre échec scolaire et HPI. Ni l’inverse d’ailleurs ! Dans la grande majorité des cas, les HPI ne réussissent ni mieux, ni moins bien que leurs petits copains : certains connaissent des échecs, d’autres obtiennent d’excellents résultats.
Votre enfant rencontre des difficultés à l’école ? N’oubliez pas qu’une multitude de facteurs influent sur la réussite scolaire : il est plus que probable que son niveau de QI n’ait rien à voir dans l’histoire !
Une autre idée répandue au sujet du HPI consiste à penser qu’il irait de pair avec la présence de troubles neurodéveloppementaux et psychiatriques. Les enfants à haut potentiel auraient plus de probabilités que les autres de présenter des neuroatypies, de souffrir d’anxiété, de dépression, d’hypersensibilité, etc. Autrement dit, HPI rimerait avec souffrance et difficultés dans la vie… Pourtant, là encore, aucune donnée scientifique ne permet de conclure à une corrélation entre ces pathologies et le HPI…
Cette confusion viendrait du fait que, généralement, ce sont les symptômes de ces différents troubles qui incitent les parents à consulter. Résultat ? Les médecins ne voient que les hauts potentiels qui ne vont pas bien et on en déduit que le HPI est un lourd fardeau à porter !
Et si on vous disait qu’en réalité, la majorité des petits HPI se portent merveilleusement bien ? Ils sont juste bien trop occupés à scanner et explorer le monde qui les entoure pour qu’on les remarque… 🌞
Un dernier cliché pour la route : être HPI signifierait nécessairement être maladroit socialement. Après tout, c’est bien connu : on ne peut pas être doté d’une intelligence suprême et en même temps être doué pour se faire des amis… Eh oui, on a tous en tête l’image de l’intello qui passe sa vie dans ses bouquins, et que personne n’invite aux goûters d’anniversaire parce que « il est vraiment trop bizarre ».
Le Docteur en psychologie Mehdi Liratni, lui, n’est pas de cet avis ! Non, les hauts potentiels intellectuels ne rencontreraient pas davantage de problèmes relationnels. Si leur fonctionnement sensiblement différent peut parfois les faire se sentir « en décalage » ou encore incompris, il n’entacherait en rien leur capacité à se faire tout plein de petits copains ! Bien au contraire : la plupart du temps, ces enfants disposeraient d’une grande intelligence émotionnelle les rendant particulièrement aptes à faire preuve d’empathie et se montrer diplomates…
Alors, et si être HPI n’était pas une tare finalement ? 🤔
Votre enfant vous paraît particulièrement alerte pour son âge ? Il dévore des bouquins plus gros que lui, finit ses exercices en classe à la vitesse de l’éclair et vous surprend régulièrement par l’originalité de ses réflexions ? 🤓
La réponse est oui : il y a des chances qu’il soit HPI. Mais, entre nous, est-il vraiment nécessaire de lui faire passer un test de QI pour vous en assurer ? Finalement, si le seul problème de votre enfant est d’être « super-éveillé », alors peut-être faut-il juste admettre que… il n’y a pas de problème ! Émerveillez-vous de la vivacité d’esprit de votre petit aventurier et laissez-le expérimenter le monde avec son intelligence propre et surtout, à son rythme. Parce que, vous l’aurez compris, le cerveau des enfants HPI n’est ni mieux, ni moins bien que celui des autres enfants, les connexions s’y font juste un peu plus rapidement !