L’erreur est un outil puissant d’apprentissage : chez l’enfant, elle est un moyen naturel de tester ses limites, de comprendre son environnement et de développer des compétences. Reconnaître et accepter les erreurs permet à l’enfant de développer sa pensée critique et sa capacité d’adaptation :
✏ Note : les enfants imitent les comportements adultes. En tant que parent ou enseignant, montrer que vous acceptez et apprenez de vos propres erreurs ne peut être que bénéfique pour eux.
Dans le monde de l’éducation, la perception de l’erreur a subi une véritable révolution. Jadis vue comme un signe d’échec, elle est aujourd’hui reconnue comme un levier d’apprentissage essentiel. Les enseignants modernes, armés de cette vision, plongent dans l’analyse des erreurs pour décrypter les processus de pensée de leurs élèves. Cette approche, bienveillante et empathique, ne se contente pas de jauger les connaissances ; elle révèle les compétences réelles des élèves et célèbre chaque progrès.
Pour l’enseignant·e, appréhender la typologie des erreurs transforme la vision de l’évaluation. Cette typologie devient un prisme révélateur : que cherche-t-on à mesurer à travers l’évaluation ? Est-ce la capacité de l’élève à restituer des connaissances, comme la récitation des tables de multiplication ? Ou est-il question de son aptitude à résoudre des problèmes, en employant une méthode appropriée, malgré d’éventuelles erreurs dans les calculs ? Peut-être est-ce la faculté de l’élève à appliquer ses connaissances dans d’autres domaines, comme utiliser ses tables en sciences ? Autant de questions qui guident l’enseignant·e vers une évaluation plus nuancée et enrichissante.
Ce nouveau regard sur l’erreur ouvre la voie à un enseignement sur mesure, adapté aux besoins uniques de chaque enfant. Dans cet environnement d’apprentissage novateur, les erreurs ne sont plus des fautes à sanctionner, mais des opportunités d’exploration et de croissance. Valoriser les réussites autant que les axes de progression renforce la confiance des élèves en leurs propres capacités et nourrit leur désir d’apprendre activement.
Pour les parents, explorer les erreurs de leur enfant à l’école est une démarche riche de sens. Elle dépasse le simple suivi des résultats scolaires, ouvre une fenêtre sur la manière dont l’enfant aborde et résout les problèmes.
Il s’agit de déchiffrer ce qui se cache derrière chaque résultat : comment l’enfant a-t-il abordé et résolu un problème ? Quelle stratégie a-t-il utilisée ? Quel résultat a-t-il obtenu ? Quelles connaissances, comme la maîtrise des tables de multiplication, a-t-il mobilisées pour y parvenir ? C’est un voyage au cœur de l’univers d’apprentissage de l’enfant, une chance de comprendre son processus d’apprentissage et de réflexion, et de l’aider à progresser.
Échangez avec votre enfant, demandez-lui par exemple d’expliquer sa démarche derrière tel ou tel résultat. Cela vous donnera un aperçu de son processus de pensée et renforcera la communication parent-enfant autour de l’apprentissage.
Jean-Pierre Astolfi est un universitaire français. Spécialiste de la didactique des sciences, il a mis en lumière l’importance de comprendre les erreurs dans l’éducation. Son œuvre clé, “L’erreur, un outil pour enseigner“, présente une vision pragmatique et constructive de l’erreur, la considérant comme une opportunité d’apprentissage plutôt qu’un échec.
Astolfi propose une classification détaillée des erreurs, chacune accompagnée d’exemples concrets. Il offre aussi des pistes de remédiation pour aider les adultes à mieux accompagner les enfants.
Exemples qui relèvent de cette erreur :
Pistes de remédiation pour l’adulte :
✓ Faire reformuler l’élève avec ses propres mots pour vérifier qu’il a compris le sens porté par la consigne.
✓ Simplifier le vocabulaire employé. À moins de tester la maîtrise de vocabulaire, le but d’une consigne est de donner une instruction. Elle doit donc être compréhensible et ne pas contenir d’obstacle à ce qu’on veut réellement évaluer.
Exemples qui relèvent de cette erreur :
Pistes de remédiation pour l’adulte :
✓ Proposer régulièrement des énoncés avec des données inutiles pour entraîner leur pensée critique.
✓ Faire expliciter aux élèves ce dont ils vont avoir besoin et ce qui est inutile dans l’énoncé.
Exemple qui relève de cette erreur :
Pistes de remédiation pour l’adulte :
✓ Veiller à prévoir une progressivité dans l’apprentissage : les élèves savent en général parler d’un sujet qui les passionne, mais faire un exposé structuré répondant à des contraintes de forme, sur ce sujet, n’est pas la même chose et nécessite apprentissage et entraînement.
✓ Segmenter les compétences en jeu dans l’évaluation d’une production. Pour l’évaluation d’une poésie, par exemple, on distingue l’évaluation de la récitation d’un texte de mémoire, et l’expressivité avec laquelle la poésie a été récitée, qui sont 2 aspects totalement différents, et qui ne devraient donc pas faire l’objet d’une seule “note”.
Exemples qui relèvent de cette erreur :
Piste de remédiation pour l’adulte :
✓ Recourir à une évaluation diagnostique en début de séquence d’enseignement. Il s’agit d’une évaluation rapide qui recueille les connaissances et représentations initiales des élèves, en vue de les faire évoluer.
Exemples qui relèvent de cette erreur :
Piste de remédiation pour l’adulte :
✓ Veiller à ce que le travail proposé ne demande pas une trop grande gestion de données, par exemple, en découpant la consigne en plusieurs sous-tâches.
✓ Apprendre aux élèves à poser sous forme de notes ou de schéma, les différentes données d’un problème et la démarche qu’ils projettent d’employer pour le résoudre.
✓ Évaluer les différentes compétences d’une production, en plusieurs fois. En production d’écrit, par exemple, la production du texte et la gestion de l’orthographe peuvent s’évaluer à deux moments différents.
Exemple qui relève de cette erreur :
Piste de remédiation pour l’adulte :
✓ Dans une démarche de résolution de problème, inviter les élèves à représenter la situation avant de s’engager dans la résolution comme faire un dessin de la situation-problème : ce que je dois trouver / ce que je sais / ce qu’il me manque.
✓ Faire un schéma de la démarche qu’il va utiliser pour résoudre le problème pour permettre à l’enseignant d’évaluer la pertinence du choix et l’exécution de la démarche.
Exemple qui relève de cette erreur :
Piste de remédiation pour l’adulte :
✓ Proposer des rituels qui invitent à puiser dans les connaissances et compétences construites dans les autres matières : « Comment pourrait-on faire, à votre avis, pour savoir combien de temps a vécu Louis XIV ? »
Exemples qui relèvent de cette erreur :
Piste de remédiation pour l’adulte :
✓ Veiller à rester dans la Zone proximale de développement de l’enfant : pas trop difficile, pas trop simple ! Un taux d’erreur optimal serait d’environ 15%.
✓ Recourir à une évaluation diagnostique en début de séquence d’enseignement pour comprendre d’où part chacun.
Les erreurs sont naturelles et aident les enfants à tester leurs limites, à comprendre leur environnement, et à développer des compétences. L’erreur, autrefois souvent perçue comme un échec, est aujourd’hui vue comme un levier d’apprentissage.
Selon Astolfi, il existe 8 types d’erreurs : liées à la compréhension des consignes, au décodage des attentes, aux représentations erronées, à la nature des opérations intellectuelles, à la surcharge cognitive, aux démarches employées, au transfert de compétences non effectué, et à la complexité inhérente au contenu.
Encouragez l’auto-évaluation, les efforts et la réflexion chez votre enfant, et montrez l’exemple en acceptant vos propres erreurs. C’est en comprenant les erreurs que l’on favorise un apprentissage épanouissant. 🌈